Si ses murs ne nous sont que trop familiers à un certain âge, l’école devient rapidement un lieu ordinaire auquel nous n’avons pourtant plus que très rarement accès. Séverine Barde propose à son spectateur un retour derrière les pupitres, en infiltrant sa caméra dans une classe qui commence tout juste le long chemin de la scolarité obligatoire.

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Ils s’appellent Tala, José, Janelle, Yasin ou Eva, et « Grandir » ambitionne de suivre leur évolution ainsi que celle des autres camarades de leur classe. Basé dans l’Ecole De-Chateaubriand au cœur du quartier populaire et multiculturel des Pâquis, le documentaire les accompagne depuis les pleurs des premiers jours d’école jusqu’à l’angoisse des résultats d’examen, tout le long de leur parcours d’apprentissage.

« Grandir » se construit à partir d’une caméra à hauteur d’enfant, posée dans la classe, arrachant des instantanés de cette vie au moins aussi familière qu’inapprochable. Au début du documentaire, l’appareil attire les regards, intrigue autant qu’il amuse. Puis, peu à peu, la caméra se fond dans la classe, jusqu’à en devenir un élément quasi-structurel. Comme pour le magistral « Notre Corps », le dispositif du documentaire se détache de toute contextualisation et ne s’alourdit pas d’une voix-off sur-explicative : les images parlent simplement d’elles-mêmes.

Le documentaire dessine, non sans drôlerie, les contours de cet étrange microcosme. Année après année, il documente de l’intérieur le passage du temps au sein de cet établissement : les bouleversements du Covid, l’émotion des départs et la gêne des arrivées de nouveaux élèves. « Grandir » esquisse également assez discrètement le rôle que joue l’école en tant que vecteur d’une forme de normalisation et des risques inhérents, mais aussi – et surtout ! – le travail salutaire des maîtresses qui s’acharnent à déconstruire, questionner et faire grandir ces enfants durant les heures de scolarité. Passionnant !