Dune : Deuxième Partie Canada, Etats-Unis 2023 – 166min.

Critique du film

De la froideur du règne

Critique du film: Colin Schwab

Après les magnifiques «Premier Contact», «Blade Runner 2049» et «Dune», Denis Villeneuve continue, avec «Dune – Deuxième Partie», de donner des lettres de noblesse au genre de la science-fiction.

Après avoir dû se réfugier dans le désert de la planète Arrakis suite à l’attaque des Harkonnen, Paul (Timothée Chalamet) et Lady Jessica, sa mère (Rebecca Ferguson), intègrent les rangs des Fremen. Une partie de ce peuple croit voir en Paul le Messie qu’elle attend depuis plusieurs générations. Il devra alors décider entre incarner ce rôle de prophète – ce qui l’aiderait grandement à venger son père de la trahison des Harkonnen – ou choisir la voie de l’humilité et de l’amour, privilégier sa relation avec Chani (Zendaya), tout en risquant de ne pas pouvoir mener son projet à bien.

N’ayant plus à nous introduire au monde complexe de Dune, tâche dont le premier volet c’était joliment chargé, cette deuxième partie plonge directement dans le vif du sujet, dans l’action. Moins de dialogues, plus de moments de confrontation spectaculaires, grandioses, qui savent nous déstabiliser pour de bonnes raisons, tout en restant lisibles. Ces instants de mouvement et de fracas sont joliment contrebalancés par d’autres, calmes et muets, nous laissant respirer et contempler, mieux s’immerger dans cet univers si bien fabriqué.

Car c’est surtout là que le long-métrage excelle : il parvient à nous faire entrer dans un monde profondément étrange et à nous y faire croire de bout en bout. Mieux encore, à combiner des partis pris esthétiques et sonores osés, mais toujours convaincants, créant des atmosphères uniques – la séquence de combat d’arène intégralement en noir et blanc dans la cité Harkonnen est vraiment fascinante à ce niveau – à un discours sur le lien au pouvoir, sur ce qui rend la domination politique possible.

Au cœur de ce propos, la volonté de montrer que régner signifie s’éloigner de toute forme d’amour, d’humilité ou de communauté ; que régner c’est planifier, froidement, à distance, sans jamais se laisser aller à des sentiments irrationnels ; que régner c’est mentir, faire miroiter des utopies inatteignables à des personnes en situation de faiblesse, pour mieux les contrôler. Ce discours impactant est alors d’autant plus convaincant, car nous croyons et adhérons totalement à l’univers fictif dans lequel il se répand.

Mais c’est peut-être dans les moments par lesquels le film développe ce propos, c’est-à-dire les scènes de dialogues, qu’une gêne se fait ressentir. Là où le premier opus faisait systématiquement preuve de créativité dans ce type de scènes – on pense notamment à celle où Paul découvre que sa mère fait partie de la sororité Bene Gesserit, interaction où l’atmosphère visuelle et sonore rayonnait d’une aura mystique très prenante et pertinente – l’on se restreint ici généralement à des champs-contrechamps répétitifs et programmatiques, filmés en gros plans, dans lesquels on ne perçoit plus le lien entre les personnages et leur environnement. Durant ces interactions pourtant bien écrites et interprétées, une partie de la forte valeur immersive du long-métrage se perd.

Mais c’est là l’un des rares défauts d’une œuvre très aboutie. Car «Dune – Deuxième Partie» convint aussi par sa manière de flouter les limites entre Bien et Mal, subvertissant avec beaucoup de fluidité les camps que le premier opus avait façonnés. Il parvient à nous montrer, sans nous le dire, que « les grands méchants » sont loin d’être ceux dont la cruauté est la plus affichée et explicite.

28.02.2024

4.5

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Commentaires

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Nathaliev

il y a 2 mois

Pas mon genre préféré, mais je dois dire qu’il est très bien réalisé et une bande originale à couper le souffle.


CineFiliK

il y a 8 mois

“Il suffira d’un signe”

Sur la planète Arrakis, convoitée pour sa précieuse Epice, les survivants de la maison Atréides, Paul et Dame Jessica, se rapprochent des Fremen, peuple du désert. Certains voient en eux l’incarnation de la prophétie qui saura les mener vers un avenir plus vert. Mais les Harkonnen, au service de l’Empereur, resserrent leur étreinte destructrice.

Suite directe du premier épisode prometteur, le film compte sur la mémoire rafraîchie du spectateur pour poursuivre l’histoire. Le décor et les personnages étant déjà plantés, l’action peut enfin commencer. L’attaque initiale, ancrée dans les dunes orangées, est d’une beauté fatale. Les cafards volants tomberont comme des mouches. L’eau intoxiquée de leur corps, élément néanmoins essentiel, sera pompée pour rafraîchir les refuges troglodytes. Ces grottes recèlent des bassins souterrains alimentés par le liquide sacré des morts dignes et les larmes des vivants. Un lieu majestueux rappelant les citernes orientales. Pour faire partie des Fremen, Paul doit apprendre à danser sur le sable et surfer sur les vers géants, moyens de locomotion quasi domestiqués. Cette ingéniosité illustrée convainc bien plus que la vision stéréotypée du régime totalitaire des Harkonnen. Arène de gladiateurs, défilé de masse et foule galvanisée se succèdent dans un noir et blanc sans nuances de gris. Effets plutôt décevants, alors que l’ambiguïté imprègne l’ensemble du chapitre. La frontière entre le bien et le mal se fragilise. Croire ou ne pas croire, telle est la question. Paul est-il l’Elu tant attendu ou un guide sous influence aveuglé par la vengeance ? Trahisons et manigances prolifèrent, surtout du côté féminin où les mères supérieures tiennent par un fil la destinée humaine. Le temps presse et l’appliqué Villeneuve précipite avec regret les scènes pour abréger le périple et annoncer l’ultime étape : si tu veux la paix, prépare la guerre, qu’elle soit sainte ou nucléaire.

(7/10)Voir plus

Dernière modification il y a 8 mois


Kino

il y a 8 mois

Film tellement bruyant et violent qu'on en sort contusionné. Les déflagrations récurrentes, non seulement vous assourdissent, mais leur souffle vous opprime. Et ça dure 3 longues heures!
Les effets spéciaux numériques sont certes époustouflants, les paysages sont magnifiques mais c'est trop cher payé. Une chose qui me plaît dans l'histoire, d'ailleurs largement calquée sur les religions que nous connaissons, c'est que le "Mahdi", le "Lissan al Gaib" tant attendu et dont l'avènement accompli toutes les prophéties, est un Messie malgré lui. Dans un désert inhabitable et inhospitalier, ce Prophète va devoir se battre contre toutes les armées de la galaxie pour enfin conduire son peuple de bédouins guerriers et de "fédayiks" vers un paradis vert où l'eau coule à flot. Lisez le livre, si jamais, mais épargnez-vous 3 heures de passage à tabac.Voir plus


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