The Wife Suède, Etats-Unis 2017 – 100min.

Critique du film

Le poids des non-dits

Alexandre Janowiak
Critique du film: Alexandre Janowiak

Incroyable mais vrai, Glenn Close en plus de 40 ans de carrière n’a jamais reçu d’Oscar. Nommée à six reprises (dont cinq dans les années 80), elle a toujours échoué. Avec The Wife, sa septième nomination, la comédienne semble cependant tout proche de recevoir son dû grâce à sa performance magistrale, qui lui a déjà valu un Golden Globe.

Dès sa séquence d’ouverture, The Wife pose les bases de son sous-texte. Joan, septuagénaire, dort tranquillement dans le lit conjugal quand Joe, son mari, rentre dans la chambre sans faire attention au bruit qu’il fait. Alors qu’elle se réveille, le vieil écrivain se couche sous la couette à ses côtés avant de lui dire qu’il veut faire l’amour. Joan refuse mais en douceur, sans agressivité physique ou verbale, Joe insiste, elle finira par céder.

Nul doute que dès cette entrée en matière sans équivoque, The Wife va parler de soumission. A l’image du récent biopic sur Colette, le film du suédois Bjorn Runge raconte l’histoire d’une femme qui s’est laissée asservir par son mari. A l’ère de MeToo, The Wife résonne amplement comme la libération des femmes au sein d’une société patriarcale. Le long-métrage dénonce le comportement de la société actuelle et offre à son personnage une émancipation tardive mais salvatrice.

Dans sa construction, The Wife est d’une pauvreté abyssale. La narration est d’un classicisme peu entraînant, les flashbacks sont des plus fonctionnels et l’intrigue éminemment prévisible. La mise en scène du réalisateur manque également de force et se révèle aussi plate que les écrits originels de Joe Castleman. Cependant, The Wife offre un joli propos sur les femmes, et brosse une belle histoire autour des non-dits, des sourires de façades et des blessures du passé.

Dans le rôle de cette femme cloisonnée et enfermée dans une fausse réalité, Glenn Close est parfaite. Ses regards, ses gestes et son flegme impérial accroissent à chaque plan la frustration silencieuse de son personnage écartelé par sa situation. Et si bien des mérites reviennent à l’actrice américaine, la prestation de Jonathan Pryce dans la peau de cet écrivain suffisant est tout autant fascinante. Ce sont d’ailleurs les confrontations bavardes ou muettes entre le couple qui donnent à The Wife ses moments les plus forts.

En bref !

The Wife est d’un classicisme formel et narratif des moins entraînants. Cependant, son propos sur l’émancipation des femmes et la fin d’un patriarcat orgueilleux et dominateur lui donne une force discrète portée par la sublime performance de Glenn Close.

19.02.2019

3

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Commentaires

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TOSCANE

il y a 5 ans

Sous les abords d’une film très classique, on observe un couple sage, attentif, aimant, mais l’on perçoit très vite l’impatience, les mutuelles manipulations, les mensonges, les secrets de famille, le fils mal aimé . Mais la dernière image, quand notre héroïne caresse la page vierge de son cahier, on espère qu’elle va enfin pouvoir prendre sa revanche en écrivant SON livre. Ce ne sera pas une veuve désespérée.Voir plus


CineFiliK

il y a 5 ans

“Le masque et la plume”

Un appel officiel de Suède annonce à l’auteur Joe Castleman qu’il va recevoir le prix Nobel de Littérature. Un grand honneur pour lui et sa femme Joan, qui a fait plus que le soutenir.

Derrière chaque grand homme se cache une femme. Joan le sait bien, après des années de silence et de sacrifices. Epouse, mère, accompagnatrice, infirmière, muse et bien plus, celle qui se définit comme une « faiseuse de rois » aspire à de nouveaux ciels. Sans demander la lumière, elle ne supporte plus désormais l’ombre. « Surtout, ne me décrivez pas telle une victime, je suis beaucoup plus intéressante que cela. », dit-elle à un éventuel biographe.

Néanmoins, ni son histoire ni le film ne convainquent totalement, n’échappant guère aux schémas classiques, attendus. Le secret de famille ne tient pas longtemps et le final radical s’avère une échappatoire facile. Hélas pour Glenn Close, très digne, dans cette histoire de plume et de masque.

5.5/10Voir plus

Dernière modification il y a 5 ans


Casper73

il y a 5 ans

Voix au chapitre

Recevoir un prix Nobel après une vie d’abnégation et de dévouement à l’écriture : aube ou crépuscule d’une union ? Très vite le jeux pipé des protagonistes se révèle. On attend, en vain, un rebond, une vengeance ourdie de part ou d’autre. Las. Tombe la neige et nos illusions. Délétères, les rôles cloisonnés et l’unique titre de conjoint aura raison de cette surface polie mortifère. Seule la palette de Glenn Close rendant au plus juste la délicatesse de sa position choisie nous laisse l’impression d’un paysage humain complexe et raffiné.Voir plus

Dernière modification il y a 5 ans


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