Les meilleurs films queer de 2023

Voici une sélection des meilleurs films traitant d'une thématique LGBTQ+ découverts à ce jour par notre rédaction.

Mis à jour le 20 septembre 2023

Si être non-binaire, cis ou trans ne dicte en rien les préférences sexuelles d’une personne, les questionnements sur la sexualité trouvent assez de résonance dans ceux sur le genre pour que le simple fait de remettre en question des rôles dictés par la société soit déjà considérée comme un acte queer. Une démarche que l’on retrouve évidemment au cinéma et sur laquelle Franck Finance-Madureira, journaliste et créateur de la Queer Palm du Festival de Cannes, s’était d’ailleurs entretenu avec notre journaliste Marine Guillain à l’occasion de la 76e édition : «Entre 2010 et 2020, [...] on voit de plus en plus de personnages LGBT, mais ce n’est pas le sujet. Le film de coming out est un sujet passé, [...] il n’y a plus besoin de justifier qu’un personnage soit gay ou bisexuel.» Et de poursuivre «On a des critères assez larges. Il y a des intrigues LGBT, mais pas seulement. Il y a aussi les films qui ont un propos féministe affirmé, ceux qui cassent les codes de genre.»

La portée des thématiques queer embrasse en effet des horizons toujours plus larges, toujours plus diverses. Alors, d’une romance homosexuelle à un récit d’apprentissage trans, d’un documentaire américain à un thriller turc, replongeons-nous dans cette diversité d’histoires, d’émotions, de formats ; voici notre sélection des meilleurs films queer de l’année (à ce jour). Cet article inclut les contributions de nos journalistes - Patrick Heidmann, Damien Brodart, Maxime Maynard, Eleo Billet, Marine Guillain, Teresa Vena, - et sera affiné et complété au fur et à mesure des nouvelles sorties.

«Something You Said Last Night»

• Réalisé par Luis De Filippis
• Avec Carmen Madonia, Ramona Milano, Paige Evans et Joe Parro Guido
• Sorti au cinéma en juillet 2023

Ayant récemment été virée de son emploi, Ren, écrivaine en devenir, part en vacances avec ses deux parents et sa sœur. Dans la station balnéaire qui les accueille, plage, pédalo et jeux de société – tout en ayant toujours la tête à moitié plongée dans son smartphone – seront les principales occupations. Ponctuant le bon temps, plusieurs tensions liées aux pressions sociales qu’exercent le travail et l’étiquette familiale sur les individus, mettront au défi les liens forts qui unissent cette famille. - CS

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«Nimona»

• Réalisé par Nick Bruno et Troy Quane
• Avec les voix anglaises de Riz Ahmed et Chloë Grace Moretz
• Présenté en juin au Festival d'Animation d'Annecy 2023

Dans un monde futuriste, Ballister, un chevalier qui protège son royaume contre les menaces, est accusé d'un crime qu'il n'a pas commis. Il rencontre Nimona, une adolescente espiègle aux superpouvoirs. Présenté au Festival international du film d'animation d'Annecy et totalement queer, le dessin animé est un véritable plaidoyer feel-good pour l’acceptation. Poignant, étonnant, intelligent, rafraîchissant, le récit suit un rythme effréné, coloré, avec lequel on ne voit pas le temps passer. Une énorme claque et sans aucun doute l'un des meilleurs films de ces dernières années. - MG

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«Anatomie d’une Chute»

• Réalisé par Justine Triet
• Avec Sandra Hüller, Swann Arlaud, Milo Machado Graner et Antoine Reinartz
• Vainqueur à Cannes en mai et sorti au cinéma le 23 août 2023

Palme d’or à Cannes, le long-métrage de Justine Triet, écrit avec le scénariste Arthur Harari, se fait le récit d’une écrivaine accusée du meurtre de son mari. Si la question de la sexualité hante les murs de ce thriller judiciaire passionnant, c’est surtout la dissection de l’image de femme du personnage de Sandra, magistralement interprétée par l’actrice allemande Sandra Hüller, qui fait du film une œuvre captivante. - PH

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«L'Immensità»

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• Réalisé par Emanuele Crialese
• Avec Penélope Cruz et Luana Giuliani
• Sorti au cinéma en janvier 2023

Dans les années 1970, la famille Borghetti emménage à Rome. Si la relation avec son mari s’effrite, Clara trouve du réconfort dans l’amour qu’elle porte à ses enfants. Dès son arrivée dans son nouveau quartier, l’ainé, Adriana, change son nom en Andréa et se présente comme un garçon. Sur fond de nostalgie de l’apparente insouciance des années 1970, Emanuele Crialese présente un récit transidentitaire imagé, poétique et accessible à tous. - DB

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«Le Bleu du caftan»

• Réalisé par Maryam Touzani
• Avec Saleh Bakr, Lubna Azabal et Ayoub Missioui
• Sorti au cinéma en mars 2023

Halim et Mina sont mariés depuis 25 ans et tiennent un magasin de caftans dans la médina de Salé, au Maroc. Pour répondre à la forte demande de la clientèle, le couple engage Youssef comme apprenti. Dans l’ombre de l’arrière-boutique, une certaine affection commence à éclore entre Halim et Youssef. Maryam Touzani présente une romance au masculin poétique et portée par les performances solaires de Saleh Bakri et Lubna Azabal. Un long-métrage poignant. - MM

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«Joyland»

• Réalisé par Saim Sadiq
• Avec Rasti Farooq, Sarwat Gilani, Alina Khan et Ali Junejo
• Sorti au cinéma en avril 2023

Au Pakistan, poussé à trouver un travail par le patriarche de la famille, un homme est engagé dans un cabaret érotique. Lauréat du Prix Un certain Regard et de la Queer Palm à la 75e édition du Festival de Cannes, le film, superbement mis en scène par le réalisateur pakistanais Saim Sadiq, magnifie la vie des personnes ostracisées. Il pose un regard sans jugement ni concession sur leur quotidien et dresse un portrait, magnifique et hypnotisant, d’une femme transgenre, incarnée par la charismatique Alina Khan. Une œuvre riche, profonde et visuellement somptueuse. - EB

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«Passages»

• Réalisé par Ira Sachs
• Avec Franz Rogowski, Ben Whishaw) et Adèle Exarchopoulos
• Présenté en février à la Berlinale 2023

Tomas, en couple avec Martin depuis de nombreuses années, vit dans un appartement parisien. Alors que la relation des deux hommes commence à s’essouffler, Tomas se réfugie dans les bras d’Agathe, une jeune institutrice. Une illustration, admirablement exécutée, de la complexité des relations et des sentiments, le tout porté par une distribution et des dialogues toujours au plus près de la réalité. - MM

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«Kokomo City»

• Réalisé par D. Smith
• Avec Daniella Carter, Dominique Silver, Liyah Mitchell et Koko Da Doll
• Présenté en février à la Berlinale 2023

De part et d’autre des États-Unis, le documentaire nous fait découvrir la vie de travailleuses du sexe trans afro-américaines. Face à la caméra, Daniella Carter, Dominique Silver, Liyah Mitchell ou encore Koko Da Doll - tragiquement disparue quelques mois seulement après la première du film - parlent avec humour et honnêteté des difficultés de leurs quotidiens. Les interventions se transforment en monologues passionnés et passionnants, plaidoyers, critiques, ou réminiscences, qui ne manquent pas de faire vibrer la totalité du spectre émotionnel. - MM

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«The Whale»

• Réalisé par Darren Aronofsky
• Avec Brendan Fraser, Charlie Sadie et Samantha Morton
• Sorti au cinéma en mars 2023

Les Oscars ne s’y sont pas trompés, dans la peau de ce professeur d’anglais, Brendan Fraser donne un éclat bouleversant à cet être lumineux qui tente de renouer avec sa fille. Si la sexualité du personnage pourrait sembler secondaire, elle est pourtant le moteur de l’action. Car sa santé fragile découle du deuil causé par le poids de l’homophobie et du rejet familiale. Une performance remarquable au diapason de la réalisation pour le moins intimiste de Darren Aronofsky - TM, MM

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«Aftersun»

• Réalisé par Charlotte Wells
• Avec Paul Mescal et Frankie Corio
• Sorti au cinéma en mars 2023

Le temps de vacances, nous suivons le quotidien d’un père et de sa fille de onze ans. Si le premier long-métrage de l’Écossaise Charlotte Wells ne peut pas complètement être décrit comme queer, sa sensibilité et son réalisme ont fortement touché le public LGBTQ+ qui s'est reconnu dans les troubles de ses personnages. La représentation, d’un naturel réconfortant, d’une relation entre deux femmes, complète de faire d’«Aftersun» un merveilleux film queer, à la subtile désinvolture et empreint d’une saisissante nostalgie. - IG, MM

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«Toute la beauté et le sang versé»

• Réalisé par Laura Poitras
• Avec Nan Goldin
• Sorti au cinéma en avril 2023

Dans ce long-métrage de Laura Poitras, le passé et le présent de Nan Goldin, photographe mondialement connue et ouvertement bisexuelle, s’entremêlent pour faire dialoguer, sur plus de 60 ans, ses éclats de vie. Vidéos et photographies illustrent le combat acharné de militants qui tentent de mettre fin à la stigmatisation des personnes souffrant d'addiction et l’impuissance des proches des victimes du sida. Une puissante collaboration à l’origine d’une œuvre poignante, parfois étouffante. - EB

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«How To Have Sex»

• Réalisé par Molly Manning Walker
• Avec Mia McKenna-Bruce, Shaun Thomas, Lara Peake, Enva Lewis
• Vainqueur dans la catégorie Un Certain Regard à Cannes en mai et sortie au cinéma le 15 novembre

Tara (Mia McKenna-Bruce, excellente), Sky et Em sont trois amies britanniques qui fêtent la fin de leur année scolaire en s’envolant pour la Grèce. Elles atterrissent dans un hôtel bruyant à la clientèle jeune et festive; pile ce dont elles rêvaient. Le but de ces vacances aux airs de Spring Break? Enchaîner les fêtes, les nuits blanches, les cuites, les jeux idiots et les rencontres. Porter les tenues les plus sexy possibles, changer de look à chaque occasion. Et coucher, coucher, coucher, surtout pour Tara, qui est encore vierge.

Avec «How to have sex», film qui met en lumière la question du consentement comme on l’a rarement vu au cinéma, Molly Manning Walker a provoqué un petit électrochoc lors du dernier Festival de Cannes, où le film a été primé. Malgré une sororité (pas toujours présente, mais) attendrissante entre les amies et une scène de fin qui laisse entrevoir un peu d’espoir, le triste «How to have sex» nous laisse dans un état de gueule de bois qui dure encore longtemps après la fin de la projection. La digestion sera longue. - MG

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«Burning Days»

• Réalisé par Emin Alper
• Avec Selahattin Pasali et Ekin Koç
• Sorti au cinéma en avril 2023

Emin Alper nous plonge dans un drame passionnant, aux accents de thriller sur fond de critique sociale. Emre, jeune procureur de la ville, est muté dans la campagne. Dès son arrivée, il s’attaque à tout acte qu’il considère immoral. Mais sa nouvelle autorité déplait aux villageois. Film policier, critique de la société, le long-métrage mélange les genres et ose présenter à l'écran une relation queer. Une représentation mal reçue par le gouvernement turc, qui aurait demandé au réalisateur le remboursement des sommes financées par l'État : peut être bien une raison de plus de voir le film. - TV, MM

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«M3GAN»

• Réalisé par Gerard Johnstone
• Avec Allison Williams, Violet McGraw et Ronny Chieng
• Sorti au cinéma en janvier 2023

Et oui, que serait le public queer sans ses icônes ? Si certaines sont assumées et volontaires, d’autres se retrouvent sur le devant de la scène à la surprise générale. M3GAN, la poupée tueuse, en sait quelque chose. Mais avec son esthétique kitsch, ses dances reprises par de nombreuses drag-queens et sa distribution principale majoritairement féminine, le long-métrage a définitivement trouvé un support de taille dans les communautés LGBTQ+. Un plaisir coupable déjà en passe de devenir culte. - MM

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«Patagonia»

• Réalisé par Pablo Berger
• Avec Andrea Fuorto et Augusto Mario Russi
• Présenté en août au Festival de Locarno 2023

Remarqué pour ses courts-métrages et pour avoir notamment réalisé le clip «I Wanna Be Your Slave» du groupe Måneskin, le sicilien Simone Bozzelli a quelque peu réveillé la Compétition Internationale du Festival de Locarno avec son premier long-métrage. Dans «Patagonia», il raconte l’histoire du jeune Yuri (Andrea Fuorto) qui quitte son village pour partir avec Agostino (Augusto Mario Russi), un artiste clown pour les enfants, au tempérament épineux et qui vit dans un camping-car.

De leur trouble rencontre, le cinéaste en décante un voyage toxique, violent, tendre, disruptif et pourtant envoutant. Si le dispositif du film est certes un peu élémentaire, «Patagonia» nous ramène à la fragilité des êtres et à l’innocence sacrifiée d’un coup de sabre. «Patagonia», la terre des êtres libres, disent-ils, est le titre d’un film que l’on récite depuis comme un mantra ! -TM

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«La Bella estate»

• Réalisé par Laura Luchetti
• Avec Yle Vianello, Nicolas Maupas, Deva Cassel
• Présenté en août au Festival de Locarno 2023

Ginia (Yle Vianello, vue dans «Corpo Celeste», d'Alice Rohrwacher), 16 ans, quitte sa province pour Turin avec son frère Severino (Nicolas Maupas) et tente de gagner sa vie en travaillant comme couturière dans un atelier de mode. Elle découvre alors le milieu bohème des artistes locaux de son époque (nous sommes sous Mussolini, en 1938). Lorsqu’elle pose son regard sur la grande, belle et libre Amelia (le mannequin Deva Cassel, fille de Monica Bellucci et Vincent Cassel), c’est le choc.

Dès les premières minutes de «La Bella estate», quelque chose de magique s’est produit. Était-ce la douceur et la poésie des images choisies par la réalisatrice italienne Laura Luchetti dans cette adaptation du roman éponyme de Cesare Pavese? Était-ce cette façon, à la fois sensible et sensuelle, de filmer l’éveil à la sexualité et l’entrée dans l’âge adulte à travers l’héroïne Ginia (hypnotique Yle Vianello)? L’atmosphère à la beauté élégante du long métrage nous a captivé du début à la fin, nous imprégnant de sa douce nostalgie. - MG

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