Sélection Officielle de l'Alpe d'Huez 2021, l’adaptation de la bande dessinée de Fabcaro est une folle et rafraichissante comédie aux saveurs d’excentricité. Et dans ce monde parallèle fantasque, «Zaï zaï zaï zaï» provoque l’hilarité.
Un poireau dans le potage
Fabrice (Jean-Paul Roove), acteur de comédie, visite un supermarché. Ce n’est qu’une fois en caisse que le distrait réalise l’oublie de sa carte de fidélité. Devant un tel affront, la sécurité arrive. La panique guidant ses gestes, Fabrice s’arme d’un dangereux poireau avant de prendre la fuite. Déjà activement recherché, son visage dans tous les journaux, il ne trouve qu’une échappatoire : se cacher en Lozère, exotique région étrangère, où personne ne pensera le trouver.
Sur une route tranquille passe une Renault Captur orange. Elle roule, tourne au rond-point, atteint le centre commercial, se gare. Autour d’elle, d’autres Renault Captur oranges, par dizaines, par centaines. Une vision décalée, avant-coureur d’un long métrage excentrique ; et qu’il est jubilatoire de se perdre dans l’univers si particulier de Fabcaro.
Le minutieux travail d’adaptation de François Desagnat, rejoint au scénario par Jean-Luc Gaget, aurait pu connaitre traitement semblable dans une ébauche Kafkaïenne de l’œuvre de Samuel Beckett ré-imaginé par les Nuls : un morceau de cinéma impeccable, aux parfums d’absurde, en passe de devenir culte.
Le jeu, tout en premier degré, est source même d’hilarité...
Un univers parallèle loufoque
Initialement roman graphique, la réalisation se devait de forger une identité visuelle bien définie. Sous le regard scrupuleux de Cyril Houplain, directeur artistique, les détails s’accordent dans la construction d'un environnement très particulier. La mise en abyme originale est modifiée. Elle abandonne le monde de la bande dessinée pour celui du cinéma, transformant le protagoniste en acteur de comédie.
Le jeu, tout en premier degré, est source même d’hilarité. Jean-Paul Roove monologuant devant un parterre d’animaux sur le sens de la vie peut paraitre aussi désopilant qu’un essai sur la nature humaine de ce cher Rousseau, mais devient cocasse par ses intonations délicieusement sérieuses, à contre-courant.
Car ce burlesque pertinent, cette agréable hystérie, ne réussit à tenir la route que grâce à la sincérité décalée de sa distribution. Peut-être est-ce pour cette raison même qu’une Yolande Moreau emperruquée peine à convaincre, son rôle de «dernière commissaire à la retraite encore en activité» trop caricatural pour le ton du film.
et qu’il est jubilatoire de se perdre dans l’univers si particulier de Fabcaro...
Un film culte en devenir
Précédemment adapté à la radio et au théâtre, «Zaï zaï zaï zaï» se devait de trouver sa place sur le grand écran. Un comique de répétition affûté, des dialogues surréalistes jouissifs, le long métrage farfelu et insensé de François Desagnat ne sera pas pour tous les goûts, mais trouvera avec certitude son public.
Car, si certaines plaisanteries feront rouler les yeux, une grande majorité promet de resurgir inopinément dans nos esprits des heures, des jours, voire des semaines suivant le visionnage. Alors, si vous observez un flâneur, au détour d’une rue, secoué d’un éclat de rire solitaire, peut-être subit-il, tout simplement, l'effet d’une désopilante réminiscence de «Zaï zaï zaï zaï».
4/5 ★
Le 23 février au cinéma
Plus d'informations sur «Zaï zaï zaï zaï».
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