Son dernier four au box-office a mis à mal son empire EuropaCorp. Après le raté «Valerian et la cité des mille planètes», Luc Besson revient avec «Anna», annoncé comme un croisement entre «Nikita» et «Léon».
Anna Poliatova (Sasha Luss) est une femme élancée, belle à en faire tomber les hommes. Son allure l’envoie à Paris, repérée par un agent. Un temps toxicomane, sous l’emprise d’un petit délinquant, avant de devenir vendeuse de Matriochka, Anna va devenir une vraie tueuse méthodique, à la précision chirurgicale, pour le compte du KGB.
À l’image des poupées russes, Anna embrasse plusieurs professions, elle enfile plusieurs costumes. Ses compétences sont multiples, mais que cache-t-elle derrière cette beauté glaciale ? Débarquée à Paris, Anna commence à investir le monde de la mode et découvre l’exigence du milieu. Mais derrière sa plastique de rêve, ses airs innocents - de femme objet -, elle tue froidement un homme d’affaires, de sang froid, comme si elle avait toujours fait ça. D’où lui vient cette agilité ? Un premier flashback nous renvoie à sa véritable identité, son apprentissage des armes, son embrigadement dans les services secrets russes. Une scène de « bizutage » pour évaluer ses compétences amène un peu de piment au récit. La jeune femme est en fait la fille d’un ancien militaire. La pomme ne tombe jamais loin de l’arbre.
John Le Carré n’aurait pas été de trop pour donner quelques conseils au Français.
Luc Besson érige le portrait d’une femme fatale, glamour, sexy pour déglinguer les pires espèces. Les brutes n’ont aucune chance avec cette plantureuse machine à tuer. Une femme à la gâchette facile, hypersexualisée, capable de sauter à la gorge d’un agent, ou sauter sur la première proie qui lui plaît. Appétit sexuel féroce dirons-nous. Besson en fait un objet de torture et n’oublie pas de la rendre - quand même - intelligente à l’aide de citations, Anton Tchekhov ou Fiodor Dostoïevski, pour couronner le côté (très) mainstream de Besson. Car Besson, et ce malgré les citations, souhaite se la jouer au petit malin, il avance ses pions de manière graduelle, en usant de retours en arrière incessants, insupportables, qui ne font que freiner le récit et le rendre parfois grotesque.
John Le Carré n’aurait pas été de trop pour donner quelques conseils au Français. L’indigestion pointe le bout de son nez, Sasha Luss est aussi charismatique qu’une porte de grange. L’écriture est plus qu’approximative et la foule de clichés est indigeste. Ici, le film d’action croisé à un pseudo récit d’espionnage n’a rien d’engageant, surtout quand l’exécution fait cruellement défaut.
En bref !
Des petites feintes pour construire un échiquier bien maigre, versant parfois dans le registre comique alors qu’«Anna» se veut sérieux. Luc Besson paraît en roue libre. Sa Anna semble être ce fantasme de femme tueuse et objet à la fois. Besson n’y arrive plus.
2/5 ★
Plus d'informations sur «Anna».
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